Se laver les mains sans avoir d’eau à la maison !

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Lettre ouverte

Près d’une centaine d’organisations sociales et des personnalités au Guatemala ont rédigé et publié une lettre ouverte pour dénoncer cette situation qui aggrave l’expansion de la pandémie auprès des populations défavorisées.

À l’Organisme Exécutif et aux Administrations communales de la République du Guatemala :

Face à la pandémie du COVID-19, les organisations et des personnes particulières qui signons cette lettre ouverte, manifestons notre plus haute préoccupation par le manque d’accès à l’eau potable des 41% des foyers guatémaltèques. Et cela, surtout si nous savons que :

  • Le droit humain d’accès à l’eau est le « droit de chaque personne à disposer d’eau suffisante, propre, acceptable, accessible et abordable pour son utilisation personnelle et domestique ». L’accès à l’eau potable est essentiel pour jouir de la vie et de tous les droits humains.
  • Malgré le fait que le Guatemala possède d’abondantes sources d’eau, plus de quatre millions d’habitants n’ont pas accès à l’eau potable dans leurs lieux de vie. Cette situation est aggravée par le changement climatique, par la concentration des terres dans les mains de quelques gros propriétaires, par le changement délibéré des cours d’eau, et par la pollution des fleuves et des rivières de la part des agro-industries et des entreprises minières ou hydroélectriques.
  • La forte corruption présente au pays est à la fois cause et effet d’une très faible gouvernabilité en ce qui concerne l’utilisation de la ressource « eau » et l’assainissement au niveau national.

Dans le cadre actuel de la crise sanitaire, l’Organisme Exécutif, ainsi que les Communes commettent des violations systématiques du droit à la vie, à l’eau et à la santé, car ces autorités ne donnent pas de manière permanente, le liquide vital à toute la population.

Il y a des foyers qui reçoivent de l’eau uniquement pendant des moments très limités de la journée, parfois seulement une fois par semaine ou quelques jours par mois. Quelques familles n’ont pas du tout accès à l’eau ; d’autres reçoivent de l’eau polluée. Les Communes permettent la vente privée de l’eau ou la suppression complète de sa distribution si une famille ne peut pas payer une facture. Des milliers de personnes souffrent à cause de déviations illégales des cours d’eau. Des familles, surtout les femmes, sont obligées de marcher de longues distances pour accéder à l’eau. A l’heure actuelle, avec la pandémie du COVID-19, ces problèmes deviennent encore plus graves.

Et, dans ce contexte de crise sanitaire, les institutions responsables ne distribuent toujours pas de l’eau, malgré l’approbation de la libération des ressources financières très importantes destinées à couvrir cette émergence.

Nous exigeons :

  • Garantir l’accès universel et gratuit à l’eau potable pour toute la population guatémaltèque, sans discrimination.
  • Vérifier, sanctionner et dénoncer les entreprises qui polluent, changent ou s’approprient illégalement des cours d’eau.
  • Dénoncer les entreprises privées qui vendent de manière illégale, de l’eau aux foyers guatémaltèques. Ou bien celles qui, en pleine crise sanitaire, profitent pour augmenter les prix de cette ressource.
  • Garantir l’application de l’arrêté ministériel 15-2020, qui assure l’accès à l’eau pour tous.
  • Octroyer des fonds spéciaux pour garantir le droit humain d’accéder à l’eau.

Guatemala, le 19 mai 2020.

Voir liste de signataires et d’autres informations dans : http://www.serjus.org.gt/2014/index.php/noticias/254-carta-abierta-acceso-al-agua

Photo : SERJUS
Traduction : Frères des Hommes